Les idées reçues sur la circoncision : explications

Il subsiste une profonde ignorance au sujet de la circoncision masculine.

Les raisons invoquées pour justifier cette pratique s’appuient en effet sur de nombreuses idées reçues erronées, erreurs médicales ou arguments fallacieux.

Cette page a donc pour but de recenser et répondre aux arguments généralement avancés par les partisans de la circoncision.

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Sommaire :

1. « Le prépuce n’est qu’un petit bout de peau inutile »
2. « La circoncision protège des maladies et améliore l’hygiène »
3. « La circoncision n’est pas douloureuse, l’enfant ne souffre pas »
4. « La circoncision n’est pas dangereuse, l’enfant ne risque rien »
5. « La circoncision n’a aucune conséquence sur la sexualité »
6. « La circoncision n’a aucune conséquence psychologique »
7. « Les médecins ne le feraient pas si c’était néfaste »
8. « Aucun homme ne se plaint d’être circoncis »
9. « Les femmes préfèrent les hommes circoncis »
10. « Un pénis circoncis est plus esthétique »
11. « Si son père est circoncis, l’enfant doit l’être aussi »
12. « Circoncire l’enfant est un choix qui appartient aux parents »
13. « Si on ne le fait pas circoncire, les autres enfants se moqueront de lui »
14. « C’est moins grave que les mutilations sexuelles féminines »
15. « C’est la religion / la tradition »

Mythe n° 1 : « Le prépuce n’est qu’un petit bout de peau inutile »

Cette affirmation est fausse et relève d’une méconnaissance totale de l’anatomie du prépuce, qui est au contraire une partie fonctionnelle et importante du sexe masculin comme du sexe féminin.

Lire notre article : Le prépuce, qu’est-ce que c’est au juste ?

Mythe n° 2 : « La circoncision protège des maladies et améliore l’hygiène »

La pratique de la circoncision s’est développée au XIXème siècle dans les pays anglo-saxons car les médecins de l’époque pensaient qu’elle était un remède à la masturbation, alors considérée comme un vice moral, ainsi qu’à toutes sortes de maladies et d’affections.

Depuis, chaque génération de médecins circonciseurs s’efforce à trouver une nouvelle maladie que la circoncision pourrait prévenir.

Leur stratégie malhonnête et perverse part du principe que le prépuce est une partie pathologique du pénis, qui est responsable de maladies et qu’il faut donc supprimer. Cette démarche est contraire à la science et à l’éthique.

De nombreux médecins scandalisés cherchent alors à répondre à ces médecins circonciseurs, ce qui fait que le corps médical est scindé en deux écoles : l’un pro-circoncision, l’autre anti-circoncision.

De nos jours, les médecins circonciseurs prônent la circoncision pour lutter contre les infections urinaires, le cancer et bien sûr le VIH / SIDA, dernier argument en date.

> Lire notre article Circoncision et infection urinaire
> Lire notre article Circoncision et cancer du pénis
> Lire notre article Circoncision et VIH/ SIDA

La circoncision est aussi évoquée pour prévenir ou guérir un prétendu « phimosis » alors qu’un prépuce non rétractable est la condition la plus fréquente avant l’adolescence

> Lire notre dossier Santé du pénis : hygiène, décalottage, phimosis, circoncision

Enfin, l’un des mythes les plus ancrés dans les mentalités est que la circoncision améliorerait l’hygiène intime.

> Lire notre article Circoncision et hygiène

Mythe n° 3 : « La circoncision n’est pas douloureuse, l’enfant ne souffre pas »

Cette affirmation est totalement fausse. On sait aujourd’hui que l’enfant ressent la douleur aussi bien que l’adulte.

Lire la partie La douleur et le traumatisme de la circoncision chez l’enfant dans notre article sur les conséquences psychologiques de la circoncision.

Mythe n° 4 : « La circoncision n’est pas dangereuse, l’enfant ne risque rien »

La circoncision peut mener à toutes sortes de complications, et ce même lorsqu’elle est réalisée par un professionnel de la santé dans des conditions optimales.

Lire notre article : Les risques de complications de la circoncision

Mythe n° 5 : « La circoncision n’a aucune conséquence sur la sexualité »

Le prépuce est une partie érogène du pénis, il protège la muqueuse du gland et assure une fonction mécanique lors du rapport sexuel.

La circoncision prive donc des sensations érogènes du prépuce et de ses autres fonctions.

De plus, des études ont montré que la circoncision masculine avait un impact négatif y compris pour le partenaire sexuel féminin.

Lire notre article : Les conséquences de la circoncision sur la sexualité

Mythe n° 6 : « La circoncision n’a aucune conséquence psychologique »

Les études récentes ainsi que de nombreux témoignages apportent la preuve que la circoncision peut entraîner toutes sortes de souffrances et troubles d’ordre psychologique.

Lire notre article : Les conséquences psychologiques de la circoncision

Mythe n° 7 : « Les médecins ne le feraient pas si c’était néfaste »

Nous partons du principe que la majorité des médecins sont dignes de leur fonction et ont toutes les raisons de refuser de circoncire un enfant sans motif médical valable.

Mais malheureusement, comme nous l’avons vu plus haut, certains médecins partisans de la circoncision prônent cette pratique pour des motifs pseudo-médicaux.

D’autres, sans être spécialement partisans, ne refusent pas de circoncire des enfants sans pourtant avoir un motif médical valable.

Cette conduite est contraire aux principes éthiques et à la déontologie médicale : ces médecins trahissent ainsi leur serment de ne pas causer du tort à autrui.

Voir notamment : l’article 41 du Code de déontologie médicale.

Les motifs avancés par les médecins circonciseurs sont essentiellement d’ordre idéologique ou économique.

Certains de ces médecins ont été eux-mêmes victimes de la circoncision et ont ainsi tendance à reproduire l’acte. Il est évident que leur jugement est affecté par de nombreux biais culturels et/ou religieux.

Il existe également des fétichistes de la circoncision parmi certains scientifiques.

Enfin, certains médecins commettent simplement des erreurs de diagnostics et pratiquent la circoncision dans des cas qui ne la justifient pas, voir : Des circoncisions pour cause de diagnostic erroné de «⁠⁠⁠⁣ phimosis⁠⁠⁠⁣ ». D’autres encore préconisent ou tente de décalotter l’enfant, alors qu’il s’agit d’une mauvaise pratique.

Lire aussi : Médecins pro-circoncision : pourquoi ?

Mythe n° 8 : « Aucun homme ne se plaint d’être circoncis »

Le fait que des hommes circoncis soient satisfaits de leur état ne signifie pas que la circoncision n’a pas d’impacts négatifs et qu’ils aient subi un dommage physique ainsi qu’une violation de leur corps.

Tout homme circoncis a irrémédiablement perdu son prépuce et les fonctions qui y sont liées, mais s’il a été circoncis durant l’enfance, il ne peut pas savoir ce qu’il a perdu, puisqu’il lui est logiquement impossible de juger des effets de la circoncision sur une relation sexuelle.

De plus, le sujet reste tabou : certains hommes souffrent de leur état mais gardent le silence.

En parler remettrait aussi en cause la virilité de l’homme circoncis : il est certainement plus facile de s’en vanter afin de s’affirmer et se protéger. Le déni de réalité n’est pas à écarter.

D’autres reproduisent le mal sur leur enfant, c’est pourquoi beaucoup parlent des mutilations sexuelles (masculines comme féminines) comme d’un phénomène cyclique.

Il est faux d’affirmer que personne ne se plaint d’être circoncis. Des hommes issus du monde entier sont insatisfaits de leur situation et un nombre croissant d’entre eux en témoigne publiquement :

>> Témoignages d’hommes contre la circoncision <<

Cette souffrance ne se limite pas aux victimes directes, mais touche également leurs proches :

>> Témoignages de femmes contre la circoncision <<

>> Témoignages de parents contre la circoncision <<

De la même manière, certaines femmes ayant été sexuellement mutilées affirment bien vivre cette situation et reproduisent l’acte sur leur(s) fille(s), comme le montre cette vidéo.

Qu’une personne victime de violence durant l’enfance déclare bien le vivre une fois adulte rend-il pour autant légitime cette violence ?

Mythe n° 9 : « Les femmes préfèrent les hommes circoncis »

En plus d’être subjectif, cet argument n’est pas pertinent : il n’est pas justifié d’imposer la circoncision à un enfant parce qu’il pourrait des années plus tard rencontrer un partenaire sexuel préférant un sexe sans prépuce.

Imaginez le contraire : si les hommes disaient préférer le sexe d’une femme sans telle ou telle partie, est-ce que cela légitimerait la mutilation sexuelle pratiquée sur les petites filles ? Feriez-vous alors circoncire votre fille ?

De plus, les femmes qui disent préférer les pénis circoncis sont très souvent issues de cultures où la circoncision masculine est ancrée dans les mœurs et qui par conséquent considèrent un sexe circoncis comme normal et un sexe intact comme anormal : le biais culturel semble ici évident. Beaucoup de ces femmes n’ont même jamais eu de relation sexuelle avec un homme dont le pénis est intact !

De plus, il a été démontré qu’il est préférable pour une femme d’avoir des rapports sexuels avec un homme dont le pénis est intact : lors du coït, le prépuce glisse le long de la verge et assure la stimulation sexuelle et le confort aussi bien pour l’homme que pour la femme.

Lire notre article : Les conséquences de la circoncision sur la sexualité

Lire notre article : Témoignages de femmes contre la circoncision

Mythe n° 10 : « Un pénis circoncis est plus esthétique »

Notons tout d’abord qu’il serait absurde de faire primer l’aspect esthétique sur le droit de disposer de son corps.

De plus, cet argument est évidemment très subjectif.

Rappelons qu’un pénis circoncis s’accompagne automatiquement d’une cicatrice ainsi que de la kératinisation du gland, qui perd sa couleur naturelle et devient plus sec, dur et rugueux. Il peut donc sembler étrange de préférer l’apparence de ce sexe à celle d’un sexe naturel, de rejeter une partie naturelle du corps humain.

Néanmoins, il s’agit ici d’une question de préférence personnelle et Droit au Corps est pour le droit de chacun de disposer de son propre corps.

Ainsi, libre à chacun de se faire circoncire s’il le souhaite, mais les préférences esthétiques d’un individu ne lui donne pas le droit d’imposer une chirurgie sur son enfant : c’est le corps de l’enfant, pas celui de ses parents.

Par conséquent, l’argument relevant de l’esthétisme n’est jamais pertinent pour imposer la circoncision à un enfant.

Quelle autre opération de chirurgie esthétique fait-on subir à un enfant ? Ferions-nous circoncire les filles si nous trouvions leur sexe plus beau sans prépuce ou sans lèvres ?

De plus, comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, cette affirmation est souvent prononcée par des individus issus de cultures où la circoncision masculine est ancrée dans les mœurs et qui par conséquent considèrent un sexe circoncis comme normal et un sexe intact comme anormal, avec de nombreuses idées reçues au sujet de ce dernier : le biais culturel semble ici évident.

Mythe n° 11 : « Si le père est circoncis, le fils doit l’être aussi pour lui ressembler »

Il s’agit d’un argument que l’on entend souvent prononcé par le père, qui dit vouloir que son fils soit “comme lui”. La mère ne sait en général pas quoi répondre et laisse donc la décision à son conjoint.

Le père reproduit alors sur son enfant la mutilation qu’il a lui-même subie des années auparavant, exactement comme les femmes mutilées reproduisent l’acte sur leur fille (voir la deuxième partie de notre article sur les conséquences psychologiques de la circoncision).

Nous partons du principe qu’un père et son fils ne s’amusent pas à comparer leur pénis pour voir s’ils se ressemblent…

S’il s’avérait toutefois que votre enfant demande pourquoi son pénis est différent de celui de son père, vous pourrez alors simplement lui expliquer la vérité : « Quand ton père est né, une partie de son sexe lui a été retirée à cause d’une erreur médicale / parce qu’on pensait que c’était nécessaire, mais à présent nous savons que ce n’est pas le cas et avons décidé de te laisser tel quel. »

Il faut beaucoup de courage et de perspicacité à un père circoncis pour pouvoir dire :  « J’ai subi un préjudice de la part de mes parents, ils ont commis une erreur, je ne veux pas reproduire cette blessure sur mon fils. « 

Heureusement, certains pères arrivent à casser ce cycle.

On retrouve un argument très proche de celui-ci, mais concernant le frère aîné à la place du père :

« Mon premier fils est circoncis, le deuxième doit donc l’être aussi. »

Les parents se disent que puisqu’ils ont circoncis leur premier fils, ils doivent circoncire le second car sinon l’un des deux se sentirait anormal, et se serait aussi reconnaître qu’ils ont fait une erreur avec le premier.

Là encore, si plus tard vos enfants vous demandent pourquoi ils sont différents, vous pourrez leur en expliquer la raison de la même manière que vous le feriez dans le cas précédent concernant la différence père/fils.

Cela est certainement préférable plutôt que de persister dans l’erreur et circoncire le fils suivant : « On ne guérit pas le mal par le mal. »

De nombreuses familles ont changé leur avis après qu’un ou plusieurs fils aient été circoncis, et ont arrêté de circoncire le ou les suivants (voir par exemple ce groupe facebook).

Mythe n°12 : « La circoncision de l’enfant est un choix qui appartient aux parents »

En suivant la logique de cet argument, les parents auraient donc le droit de faire mutiler bien d’autres parties du corps de leur enfant.

Mais dans un État de droits comme la France, le droit à l’intégrité physique de l’enfant prime sur le droit des parents : à moins que l’enfant souffre d’un mal nécessitant une intervention médicale, il ne peut pas être porté atteinte à son intégrité physique.

L’article 16-3 du code civil est très clair à ce sujet :

Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité médicale pour la personne ou à titre exceptionnel dans l’intérêt thérapeutique d’autrui.

Le consentement de l’intéressé doit être recueilli préalablement hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de consentir.

Par conséquent, la circoncision ne peut pas être justifiée car le prépuce est une partie normale et saine du corps de l’enfant.

Il s’agit également de bon sens :

  • A qui appartient le pénis en question ? Aux parents ou à l’enfant ?
  • Que fait-on du choix de l’enfant ? N’a-t-il pas droit de grandir et vivre avec un corps intact et décider plus tard ce qu’il veut faire de son propre corps ?

Mythe n° 13 : « Si on ne le fait pas circoncire, les autres enfants se moqueront de lui »

Cet argument, très en vogue aux États-Unis, n’est pas pertinent.

Si l’ablation du prépuce des petites filles devenait quelque chose de courant, feriez-vous circoncire votre fille pour qu’elle ressemble aux autres et ne soit pas victime de moqueries ?

A priori, les enfants ne se comparent pas le sexe entre eux, mais si un jour votre fils vous demande pourquoi il est différent, alors vous pourrez simplement lui expliquer qu’il a un sexe naturel et entier et qu’il a donc quelque chose de plus que les autres.

Cela est tout de même plus sain que le cas inverse, à savoir des parents expliquant à leur fils pourquoi il a un bout de sexe en moins en invoquant les arguments fallacieux recensés sur cette page.

Mythe n° 14 : « C’est moins grave que les mutilations sexuelles féminines »

Cet argument n’est pas pertinent car il part du principe qu’une souffrance serait acceptable sous prétexte qu’il en existe de plus grandes ailleurs. Or, les souffrances ne se soustraient pas, elles s’additionnent.

Droit au Corps considère que tous les enfants, quel que soit leur sexe, doivent être protégés contre tous les types de mutilations sexuelles et d’atteintes corporelles au sens large.

Établir une échelle de gravité serait incongru et absurde à partir du moment où l’on s’oppose aux mutilations sexuelles dans leur ensemble.

Cela peut même s’avérer contre-productif : des partisans des mutilations sexuelles féminines prônent une pratique « moins invasive » que l’ablation du clitoris, qui consiste en l’ablation du prépuce clitoridien ou en une piqûre rituelle sur le capuchon ou le gland du clitoris.

Ni le degré de gravité, ni le sexe, ne sont des critères légitimes pour autoriser ou non une atteinte à l’intégrité physique : tous les êtres humains ont droit à un corps intact.

Mythe n° 15 : « C’est la religion / la tradition »

De nombreux parents de confession juive, chrétienne ou musulmane décident de ne pas faire circoncire leur(s) fils :

Lire nos articles :

Les parents qui veulent faire circoncire leur(s) fils pour une raison religieuse devraient se poser les questions suivantes :

  • Le bien-être de votre enfant passe-t-il avant ou après la religion ?
  • Feriez-vous tout de même circoncire votre fils si la majorité des autres membres de votre religion ne le faisaient pas ?
  • Feriez-vous circoncire votre fille si la religion l’exigeait ?