Mutilations sexuelles : bilan d’actualité d’avril 2015

Droit au Corps vous propose chaque mois un retour sur l’actualité concernant les mutilations sexuelles féminines, masculines et intersexes. Voici ce qu’il fallait retenir en ce mois d’avril 2015.

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Sommaire :

Mutilations sexuelles intersexes

Protection des enfants intersexes : Malte donne l’exemple !

Le Gender Identity, Gender Expression and Sex Characteristics Act (GIGESC) a été voté mercredi premier avril à Malte, tant par la majorité que par l’opposition, rapporte Yagg.

Cette loi devrait notamment permettre de protéger les enfants intersexes des mutilations sexuelles dont ils sont souvent victimes lors des opérations d’assignation sexuelle.

Le texte indique en effet : « Il est illégal, pour des praticiens ou autres professionnels de la santé, de procéder à une assignation de sexe et / ou à une intervention chirurgicale sur les caractéristiques sexuelles d’un mineur, dans la mesure où le traitement et / ou l’intervention chirurgicale peuvent être reportés à un âge où la personne traitée peut fournir un consentement éclairé. »

L’Organisation Internationale des Intersexes s’est félicitée de cette avancée (voir la déclaration de l’OII Europe et celle de l’OII Australia).

Drapeau intersexe

Le drapeau intersexe, créé en juin 2013 par l’OII Australia

Actualité concernant la circoncision

États-Unis

Une nouvelle crème à base de prépuce

Une nouvelle crème de beauté américaine, HydraFacial, utilise des cellules provenant de prépuces de nouveau-nés (Daily Mail).

Emission du Huffington Post :

Un tel produit n’est pas nouveau. En 2009, dans une excellente présentation sur la circoncision infantile, le chercheur Ryan McAllister avait évoqué les différentes exploitations commerciales des prépuces de nouveau-nés. En 2013, l’association canadienne CAN-FAP avait manifesté contre la promotion par Oprah Winfrey d’une crème de la compagnie SkinMedica.

Affaire Chase : la mère contre-attaque

Heather Hironimus, la mère du petit Chase, a porté plainte au niveau fédéral dans le but de bloquer la décision du juge de la Cour d’Etat de Floride qui avait autorisé la circoncision de l’enfant le mois dernier (Huffington Post, Daily Mail).

Foregen

La campagne de fonds de l’association Foregen, dont nous vous parlions le mois dernier, est un succès : l’objectif des 40 000 dollars a en effet été dépassé ! Dans la foulée, Foregen a annoncé avoir lancé son nouveau site Internet. N’hésitez pas à y faire un tour ( foregen.org).

Philippines

Le département de la Santé a vivement conseillé aux parents de ne pas faire circoncire leur(s) fils via la méthode de circoncision traditionnelle, connue sous le nom de “pukpok”, car cela peut mener à de graves complications. La ministre de la Santé a ainsi déclaré que les parents devraient faire appel à un professionnel de la santé, qui utilise un équipement adapté (Inquirer).

Kenya

Une ONG est accusée d’avoir fait circoncire de force une trentaine d’enfants sans même en avoir informé leurs parents. L’ONG, Impact Research and Development Organization, aurait attiré les jeunes en leur offrant des bonbons avant de les conduire dans une clinique. Certains des enfants appartiennent à une communauté où la circoncision n’est pas tolérée (Daily Nation).

Zimbabwe

Un homme qui avait circoncis ses deux fils en utilisant un coupe-ongles a été condamné à 4 mois de prison. Devant le tribunal, il s’est justifié en disant qu’il avait été circoncis de la même manière par son père (Eyewitness News).

Actualité concernant l’excision

France

Le 13 avril, l’association Excision, parlons-en ! a organisé une conférence intitulée « Excision et crédibilité de la demande d’asile » (programme), qui a eu lieu à Institut de Droit Comparé, Université Panthéon-Assas Paris II. Retrouvez le résumé de l’événement dans cet article ainsi que l’album photo.

Marion Schaefer présidente Excision parlons-en

Marion Schaefer, présidente d’Excision, parlons-en !

« Le 25 avril dernier, 8 migrant.e.s-relais ont répondu à l’appel lancé par Equipop et Entraide et Espoir pour une formation des migrant.e.s-relais engagé.e.s dans la promotion de l’abandon de l’excision. Le but de cette première rencontre était de donner des connaissances plus précises sur les mutilations sexuelles féminines et leurs conséquences et de permettre aux participant.e.s de mieux appréhender leur rôle de ‘relais’. » (lire la suite sur Equipop)

L’association Marche en Corps cherche des lieux pour projeter son documentaire « Excision, à quand l’abandon ? » ! N’hésitez pas à les contacter si vous pouvez les aider (lire l’article sur Ouest-France).

Guinée

“PSI-Guinée a officiellement lancé ce mercredi 8 avril 2015 la campagne ‘Bathé’ pour l’accélération de l’abandon aux mutilations génitales féminines en Guinée sous le slogan “fille non excisée, femme épanouie”. C’est le Ministre d’Etat des Postes et Télécommunications et des nouvelles technologies de l’information qui a procédé au lancement officiel de cet évènement.” (Guinée 24)

Sénégal

“La ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström, a félicité, vendredi [10 avril] à Limpopo (Afrique du Sud), le gouvernement sénégalais pour son leadership dans la lutte contre les mutilations génitales féminines, a appris l’APS, samedi à Dakar.” (Agence de Presse Sénégalaise)

Somalie

Ingvild Lunde, chercheuse au Centre norvégien pour la violence et d’études sur le stress traumatique (NKVTS), a étudié les campagnes contre les mutilations sexuelles féminines (MSF) menées à Hargeisa, en Somalie, ainsi que l’attitude des femmes envers ces pratiques, rapporte le site Science Nordic. Alors que les femmes interviewées rejettent la pratique de l’infibulation, la forme la plus extrême de MSF, la majorité d’entre elles souhaitent une circoncision sunna, intervention considérée comme moins invasive. D’après la chercheuse, il semble que les campagnes anti MSF se concentrent uniquement sur l’infibulation et que certaines activistes soutiennent la circoncision sunna. Elle conseille aux organisations anti MSF de dire clairement ce qu’elles essayent de stopper : toutes les mutilation sexuelles féminines ou seulement certaines formes.

Tanzanie

Rhobi Samwelly, victime de mutilation sexuelle lorsqu’elle était enfant, a fondé une maison sécurisée pour permettre aux filles menacées d’échapper à leur famille. La « saison d’excision traditionnelle » (traditional cutting season) a lieu en décembre, tous les deux ans. En 2014, lors de la dernière saison, 154 filles avaient été accueillies dans la maison sécurisée. Lire le reportage sur le site du Daily Telegraph.

Indonésie

GlobalPost a publié un reportage qui fait le point sur la situation des mutilations sexuelles féminines en Indonésie. On y apprend que des formes moins sévères de mutilations sont apparues ces dernières années. Une pratique consistant à érafler ou piquer le prépuce clitoridien avec une aiguille, sans blesser le clitoris en lui-même, s’est ainsi répandue. Cela n’est bien évidemment pas satisfaisant pour les activistes anti MSF qui indiquent que cette pratique est considérée comme mutilation sexuelle féminine de type 4 par l’OMS.

Thaïlande

Dans les provinces sud du pays, à majorité musulmane, les autorités ferment les yeux sur les mutilations sexuelles féminines (The Guardian).

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