Le 13 mai 2025, le Dr Jules Fougère (pédiatre) et le Dr Alexis Lubet (chirurgien pédiatre) ont publié une vidéo sur leurs réseaux sociaux, intitulée « Le décalottage ». En moins de deux minutes, les médecins répondent aux principales questions que se posent les parents à ce sujet.

La vidéo a été publiée à la fois sur Instagram et Facebook, où elle a cumulé plus de 600 000 vues.
« Le prépuce est naturellement collé à la naissance et se décolle progressivement », commence le Dr Fougère pour expliquer l’état physiologique initial du prépuce, alors fusionné au gland.
« Pas d’inquiétude si ça ne s’ouvre pas à deux, trois, ou même cinq ans », poursuit le Dr Lubet. « À 5-6 ans, il faut savoir qu’environ 50 % des garçons peuvent se décalotter complètement, et ça, ça peut prendre jusqu’à l’adolescence. » Signalons ici une imprécision, puisque l’âge médian auquel un décalottage complet est possible se situe plutôt autour des 10 ans d’après les études.
« Surtout, ne forcez jamais sur le prépuce. Forcer un décalottage peut créer des fissures et des cicatrices qui augmentent grandement le risque de phimosis plus tard », avertissent les pédiatres. En effet, tenter de décalotter un enfant est à la fois inutile et dangereux.
« Le phimosis, c’est justement quand le prépuce est trop serré et qu’il empêche le gland de se découvrir », explique le Dr Fougère. Pour aller plus loin, signalons qu’il existe une confusion sur la définition du mot « phimosis », ce qui entraîne des mauvaises pratiques.
« Le mieux, c’est de laisser votre enfant le faire tout seul », conseille le Dr Lubet. C’est effectivement le jeune lui-même qui devrait être la personne à décalotter son pénis pour la première fois, sans pression médicale, parentale ou autre. Et puisque cela n’est pas précisé dans la vidéo, rappelons que l’hygiène du pénis de l’enfant est simple : il suffit de rincer à l’eau claire et tiède la surface apparente du pénis, sans décalotter.
Le Dr Fougère évoque ensuite une autre complication qui peut survenir suite à un décalottage forcé : « le risque de tirer, ça va être de créer un paraphimosis, c’est-à-dire un garrot à la base du gland. »
Les pédiatres concluent en signalant les traitements en cas de trouble :
« Si le prépuce reste serré après 5-6 ans et que ça pose problème (difficulté à uriner, infection à répétition), une crème à base de corticoïdes peut aider à assouplir la peau. Cette crème, elle s’applique sur l’anneau du prépuce tous les jours, et c’est souvent efficace en seulement quelques semaines. Concernant la circoncision ou plastie du prépuce, c’est finalement assez rare. On opère seulement en cas de phimosis serré après 6-7 ans, des infections répétées au niveau du prépuce, ou de paraphimosis bien sûr. Avant ça, la patience et la crème sont nos meilleurs alliés. »
Soulignons que trop d’opérations sont réalisées à tort parce que certains médecins confondent un état physiologique (prépuce non rétractable sain, en développement) avec un état pathologique (sténose préputiale, ou phimosis). Aussi, les infections sont souvent causées par de mauvaises pratiques : tentatives de rétraction du prépuce, hygiène excessive (nettoyage trop énergique, utilisation d’un produit lavant agressif, introduction de savon entre le prépuce et le gland, etc). Enfin, précisons que dans la plupart des cas, un paraphimosis peut être traité à l’aide d’une technique manuelle.
Une faille de santé publique à ciel ouvert
Les commentaires en réaction à la vidéo parlent d’eux-mêmes. De nombreux parents témoignent des mauvaises informations qu’ils ont reçues de la part de leur médecin, voire pire, des mauvaises pratiques subies par leur(s) fils : décalottages forcés, et parfois une circoncision.
Ces témoignages illustrent une fois encore l’existence d’une faille de santé publique sur le pénis, et rappellent qu’une action des pouvoirs publics et des autorités sanitaires est nécessaire pour la refermer.
La diffusion des bonnes informations, aussi bien auprès des professionnels de santé que des parents, permettrait d’épargner de nombreuses souffrances et des dépenses totalement inutiles, notamment en mettant fin à la plupart des circoncisions encore prescrites à tort de nos jours.
En attendant un plan d’action de la part des institutions, notre association a notamment :
- publié le dossier Santé du pénis, destiné au grand public ;
- traduit un travail mené par la Société allemande de chirurgie pédiatrique, destiné aux professionnels de santé : Ligne directrice sur le phimosis et le paraphimosis chez les enfants et les adolescents.
Droit au Corps remercie les Drs Jules Fougère et Alexis Lubet pour cette vidéo d’utilité publique. Avec d’autres médecins, tels que le Dr Corentin Lacroix, ils incarnent une nouvelle génération de professionnels qui contribue à refermer une faille de santé ouverte depuis trop longtemps, et dénoncée depuis des décennies en France par des médecins comme le Dr Aldo Naouri ou le Dr Martin Winckler.
Les Drs Fougère et Lubet ont été ajoutés sur l’Observatoire de la santé du pénis, en tant qu’exemple à suivre.