Circoncision : un documentaire historique produit par Arte (2022)

Mise à jour 17/02/23 : entretien avec la réalisatrice

Le 23 juillet 2022, Arte a diffusé un documentaire intitulé « La circoncision : Une ablation qui pose question », réalisé par la journaliste allemande Insa Onken. Au-delà de son excellente qualité, ce documentaire peut être considéré comme historique au moins dans la francophonie, parce qu’il s’intéresse à des controverses jusque-là ignorées des grands médias.

Disponible sur le site d’Arte jusqu’au 17 février 2023 et un jour de plus sur sa chaîne YouTube, le documentaire a également été mis en ligne par un particulier sur Bitchute et devrait y rester au-delà.

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Retrouvez ci-dessous notre entretien avec la réalisatrice, puis notre retour sur les différents points qui rendent ce documentaire historique.

Entretien avec Insa Onken, réalisatrice du documentaire

Entretien effectué par courriel en anglais puis traduit par Droit au Corps.

1/ Quelle était votre motivation pour traiter d’un tel sujet ?

Avec le format du documentaire scientifique, j’ai voulu attirer l’attention sur le fait trop rarement évoqué que la circoncision des garçons peut causer de très gros problèmes. Physiquement et psychologiquement. On en parle bien trop peu. J’ai pensé qu’il était important d’attirer l’attention du grand public sur l’attitude de plus en plus critique des professionnels de santé – notamment des pédiatres – à l’égard de la circoncision. Une nouvelle directive sur le phimosis a été élaborée par la Société allemande de chirurgie pédiatrique, qui préconise un recours très réduit à la circoncision [Note de DaC : l’opération ne peut être considérée qu’en cas de problème avéré et en ultime recours, si les alternatives moins invasives et dommageables ont échoué ; voir cet article].

Et j’ai voulu donner une voix à ceux qui souffrent, parce qu’à mon avis on leur a accordé trop peu d’attention. Ils se sentent même souvent délibérément ignorés, ce qui accroît leur souffrance. La circoncision des garçons – pour quelque raison que ce soit – est banalisée. Partout dans le monde. Au cours des cinq dernières années, j’ai eu tellement de conversations qui m’ont fait prendre conscience de l’importance de cette question, encore et encore. Également avec des parents qui ont fait circoncire leur fils pour des raisons non médicales et l’ont beaucoup regretté par la suite ; eux aussi m’ont confirmé qu’il est très important de diffuser davantage de connaissances sur le sujet.

2/ Quelles ont été les réactions et avez-vous une idée de l’impact de ce documentaire dans le débat public ?

Les réactions au documentaire et au sujet ont été très fortes, notamment sur les réseaux sociaux et YouTube. Par curiosité, j’ai comparé à d’autres réactions à des documentaires scientifiques d’ARTE et il n’y en avait guère d’autres avec autant de commentaires. Fait intéressant : même par rapport à des documentaires qui ont fait beaucoup plus de clics, les commentaires étaient particulièrement nombreux. Cela montre que le sujet touche et intéresse de nombreuses personnes. 

Sans vraiment l’analyser, je peux dire que la grande majorité des commentaires étaient positifs. Beaucoup ont exprimé leur gratitude qu’il y ait enfin un documentaire sur le sujet. Certains ont raconté leurs propres histoires douloureuses. Mais il y avait aussi ceux qui ont dit qu’ils ne pouvaient pas comprendre parce qu’ils ne ressentaient aucun problème à être circoncis. Dans la rétrospective, j’aurais aimé rendre plus clair que le documentaire ne voulait pas nier qu’il y a des gens qui ne ressentent aucun problème avec leur circoncision. Il était simplement important pour moi de laisser parler ceux qui ont un problème. 

Je pense qu’il est important que chacun réfléchisse et se fasse sa propre opinion. Pour développer réellement une opinion, il est important de s’informer. C’est ce que j’ai voulu faire avec ce documentaire. Et comme l’attitude générale de la société tend à banaliser le problème, j’ai voulu mettre en lumière l’opinion la moins perçue. 

Je pense que le documentaire a certainement touché des individus et les a fait réfléchir à la question, mais il n’a pas réussi à déclencher une discussion plus large. Il faut plus qu’un seul documentaire pour y parvenir. Mais si le temps d’une discussion plus large dans la société arrive, voici un documentaire qui peut apporter sa contribution. Je l’espère.

3/ Dans le documentaire, un intervenant parle « d’omerta » à propos de la circoncision : avez-vous rencontré des difficultés particulières pour réaliser ce documentaire ?

J’étais consciente dès le départ que la circoncision des garçons n’est pas un sujet facile. Il y a plusieurs raisons à cela. Le sujet est extrêmement complexe et touche tous les domaines de la société à travers le monde, comme aucun autre sujet. Il était important de trouver un axe. J’ai choisi l’axe médical car il était important pour moi d’ouvrir le sujet à un niveau scientifique. Voici ce que tout être humain devrait savoir sur la circoncision des garçons. 

Bien sûr, ce qui rend les choses encore plus difficiles, c’est que les personnes issues de cultures dans lesquelles la circoncision est répandue pour des raisons religieuses, traditionnelles ou conventionnelles, perçoivent le sujet de manière complètement différente des autres. Et bien sûr, les rédacteurs en chef font preuve d’une grande prudence quant à la façon dont le sujet est traité. Il était important pour moi que les membres des communautés concernées aient leur mot à dire. Mais j’ai également réalisé d’autres documentaires qui traitaient de questions très personnelles ou de sujets tabous, et les problèmes étaient similaires à ceux de ce documentaire. Tous les protagonistes du documentaire ont mûrement réfléchi pour savoir s’ils voulaient raconter leur histoire et comment. 

Mon souhait est que les connaissances médicales se développent dans notre société et que, sur cette base, chacun s’interroge de manière critique sur sa propre attitude vis-à-vis du sujet de la circoncision masculine.

Retour sur un documentaire histoire

La faille de santé publique est dévoilée

Le documentaire expose un pan de la faille de santé publique sur le pénis, à savoir que de nombreuses circoncisions sont réalisées à tort suite à un diagnostic erroné de « phimosis », comme l’illustre le cas de Florian, circoncis à 5 ans. « De nombreux médecins pensent encore que le gland doit pouvoir être complètement décalotté vers 5 ou 6 ans au plus tard ; pourtant, cette opinion est depuis longtemps démentie par la science », explique la commentatrice.

Le Dr Maximilian Stehr, chirurgien pédiatrique, confirme : « En Allemagne, comme ailleurs, on réalise encore plus de circoncisions qu’il ne serait nécessaire d’un point de vue médical. » On apprend ainsi que près de 500 000 garçons ont été circoncis sans justification scientifique dans le pays. Le spécialiste explique : « Les petits garçons viennent au monde avec un prépuce non rétractable. Le feuillet interne repose directement sur la surface du gland, auquel il est fixé. Cette [fusion] disparaît au fil des ans, quand le prépuce est suffisamment large pour que le gland soit décalotté sans problème. […] Un prépuce étroit ne nécessite pas d’intervention (sauf s’il est source de douleur ou d’autres problèmes), surtout si l’enfant est encore très jeune : c’est un état physiologique normal. »

> Pour aller plus loin, lire notre dossier Santé du pénis : hygiène, décalottage, « phimosis », circoncision

Zoom sur le prépuce et conséquences de la circoncision

Le documentaire parle d’anatomie et de fonctions du prépuce, mais aussi de conséquences de son ablation sur la sexualité. Certaines complications chirurgicales sont également mentionnées.

Le Dr Thomas Kreutzig-Langenfeld, urologue, met en garde : « Le prépuce est souvent présenté comme un petit bout de peau superflu qu’on pourrait couper sans conséquence, mais des études prouvent qu’il contient une forte concentration de terminaisons nerveuses et qu’il remplit évidemment une fonction. Pour prendre une image, il fait partie de l’équipement de série chez les hommes. Il ne faut pas le supprimer à la légère, car il a sa raison d’être. »

Une animation commentée explique : « Fortement innervé, [le prépuce] remplit une fonction sensorielle importante. La bande striée […] et plus généralement l’ensemble du prépuce, sont particulièrement sensibles. Par ailleurs, lors d’une érection, le prépuce fournit une réserve de peau nécessaire : la partie muqueuse interne s’enroule vers l’extérieur, de sorte que le pénis se retrouve pour moitié environ couvert par la peau très sensible du prépuce. En cas de circoncision, le tissu érogène se trouve donc nettement réduit. La sensibilité du gland peut aussi en pâtir : à force d’être soumise à des stimulations directes en permanence, sa muqueuse va se kératiniser et se désensibiliser. »

« Il y a des hommes qui disent que tout va bien. D’autres qui pensent que tout va bien parce qu’ils n’ont jamais rien connu d’autre. Et puis il y a ceux qui vivent mal leur circoncision, par exemple une perte de sensibilité ou ce qu’on appelle une éjaculation retardée, c’est-à-dire une incapacité à éjaculer, surtout lors des rapports sexuels. Ceux-là doivent parfois en passer par des stimulations manuelles assez fortes pour éprouver des sensations, et ça peut leur gâcher la vie », conclut le Dr Thomas Kreutzig-Langenfeld.

> Pour aller plus loin, lire nos articles : 

Aussi, le documentaire montre des chercheurs du CHU de Düsseldorf qui étudient les possibles conséquences psychiques à long terme, voire les traumatismes, laissés par la circoncision dans l’enfance.

Le Pr Matthias Franz, psychanalyste, traite notamment des patients en souffrance à la suite d’une circoncision. Il a relevé chez certains les signes d’un syndrome de stress post-traumatique. Un premier bilan de son étude le confirme : face à des images d’ablation du prépuce, le stress est plus important chez les patients circoncis que dans le groupe témoin, y compris chez ceux qui vivent bien leur circoncision. « C’est intéressant, parce que c’est le système nerveux végétatif des sujets circoncis qui répond. Il s’agit donc plutôt d’une réaction de peur inconsciente. Ils ne s’en rendent pas forcément compte quand ils remplissent un questionnaire ou quand on leur demande ce que leur inspire ces images », commente le chercheur.

La circoncision semble donc laisser des traces dans l’inconscient. Elles varient selon l’âge et le stade de développement de l’enfant au moment de l’intervention. « Quelques médecins recommandent encore de pratiquer la circoncision entre 4 et 6 ans, c’est-à-dire à l’âge préscolaire. Or du point de vue de la psychologie du développement, c’est à éviter absolument. À cet âge-là, l’un des principaux enjeux du développement consiste pour l’enfant à intégrer sa propre sexualité et à se l’approprier. S’il fait l’expérience d’une blessure dans la sphère génitale, ça va ébranler en profondeur sa confiance dans son développement en matière sexuelle », explique le Pr Franz.

« Consciemment ou non, la circoncision peut être vécue comme un traumatisme par l’enfant et rester inscrite dans la mémoire de la douleur », conclut la commentatrice.

> Pour aller plus loin, lire notre article Les conséquences psychologiques de la circoncision

Afrique : le scandale des campagnes de circoncision enfin dénoncé

Le documentaire expose le scandale des campagnes de circoncision « volontaire » promues par l’OMS et l’ONUSIDA en Afrique pour lutter contre le VIH/SIDA.

Michel Garenne, chercheur en démographie à l’Institut Pasteur avec lequel nous nous étions entretenu en 2014, rappelle que « la protection associée à la circoncision [est] absolument nulle » et que beaucoup de professionnels étaient opposés à ces campagnes de circoncision, que ce soit pour des raisons éthiques ou scientifiques.

La Dre Jutta Reisinger, médecin généraliste, s’est engagée contre la pratique après avoir rencontré des écoliers qui devaient se faire circoncire. Elle témoigne : « Ce que j’ai vu à cette occasion ne m’a pas plu. Les enfants pleuraient et me demandaient de l’aide parce qu’ils ne voulaient pas y aller, mais je ne pouvais rien faire. J’ai essayé de discuter un peu avec eux pour comprendre ce qu’il se passait. Je ne m’attendais pas à ça, on entendait des cris depuis la salle d’opération. Un petit garçon qui venait d’être opéré est sorti le pantalon ouvert, il pleurait à chaudes larmes tellement il souffrait. Il voulait sa maman et il m’a dit qu’il n’était pas au courant de ce qu’on allait lui faire. Les animateurs du programme démarchent les écoles et se concertent surtout avec les directeurs. Ça se fait souvent sans le consentement des parents, ils ne sont même pas consultés et ils tombent des nues quand ils voient leur enfant rentrer à la maison traumatisé. »

La parole de deux jeunes garçons victimes de cette campagne de circoncision est recueillie. « Ça s’est mal passé. J’ai bien cicatrisé, mais au bout de quelques jours mon pénis a commencé à me faire mal. J’ai pris les anti-douleurs qu’on m’avait donnés à l’hôpital, mais ça n’a jamais réglé complètement le problème. Et aujourd’hui, j’ai encore mal parfois », explique l’un, circoncis à 7 ans. L’autre, circoncis à 9 ans, rapporte ce que leur a dit le maître d’école pour les inciter à la circoncision : « Si vous ne vous faites pas circoncire, vous resterez des enfants. Seuls ceux qui l’ont fait peuvent continuer à suivre mes cours. »

« Ces garçons ne sont pas réellement consentants à être circoncis, ils sont intimidés par leur enseignant. On leur promet un soda, ça leur fait envie. Et puis ils y vont en bus, c’est amusant. C’est comme ça qu’on les attire », explique Godfrey Ouma, enseignant opposé à la pratique. Et lorsque les parents autorisent la circoncision de leur enfant, c’est souvent sans savoir de quoi il retourne exactement : « La plupart d’entre eux ne comprennent pas l’anglais. Dans le formulaire qu’on leur présente, ils remplissent le peu qu’ils peuvent. » Des militants de l’ONG Intact Kenya luttent contre ces dérives, à l’image de Kennedy Owino Odhiambo : « On continue à sensibiliser les parents pour qu’ils ne donnent pas leur autorisation à l’aveuglette, et on informe les enfants pour qu’ils connaissent leurs droits. »

Autre dérive : l’arrêt du port du préservatif par croyance d’être immunisé contre le VIH/SIDA une fois circoncis. « Quand je suis allé me faire circoncire, je pensais qu’après l’opération je serai protégé, que je ne pourrai pas attraper de maladie, même sans préservatif », témoigne un jeune homme. « On nous disait que quand on était circoncis, il n’y avait plus de raison de mettre un préservatif, qu’on pouvait y aller sans », rapporte un autre. En outre, « l’offre de préservatif gratuit tend à diminuer depuis quelques années », précise la commentatrice.

Et le scandale ne s’arrête pas là. Le documentaire explique qu’en 2016, pour atteindre les objectifs du programme, « l’OMS élargit le groupe cible aux enfants de 10 à 14 ans » et « lance même une campagne visant les nourrissons, toujours au titre de la prévention du Sida. » Succès : « deux ans plus tard, 60 % des garçons de moins de 14 ans sont circoncis au Kenya. » Initiative dont se félicite Otieno John Anyango, coordinateur régional du programme dans ce pays : « On a vraiment réussi à circoncire beaucoup de jeunes. Dans la tranche de 0 à 14 ans, on est au maximum. Pour les 10 – 14, il fallait faire vite, alors on est allé dans les collèges. Les ados viennent d’eux-mêmes, parce qu’ils ont vu en se baignant que leurs camarades étaient déjà circoncis, c’est une génération très réceptive et facile à mobiliser. » Mais en 2020, devant les vives critiques au niveau local et à l’international, « l’OMS rétropédale et recommande de ne plus circoncire avant l’âge de 15 ans ». Quid des nombreux enfants de moins de 15 ans qui ont été circoncis jusqu’ici, « sans le consentement de leurs parents, souvent avec des complications à la clé », comme l’ont remarqué des chercheurs kényans ?

Quoi qu’il en soit, le programme de l’OMS a laissé des traces : « Au Kenya, la circoncision est désormais considérée comme une intervention bénéfique pour la santé. Elle n’avait rien d’une tradition chez le peuple Luo où près de 80 % des jeunes entre 10 et 29 ans sont maintenant circoncis. On ne saura sans doute jamais combien d’enfants en subissent les complications. Ici, ils ne peuvent pas faire valoir leurs droits », conclut la commentatrice.

L’OMS n’a pas souhaité rencontrer l’équipe d’Arte ni répondre aux arguments des détracteurs de la campagne, ce qui ajoute un peu plus au scandale.

> Pour aller plus loin, lire notre article Circoncision et VIH/sida : l’ablation du prépuce ne protège pas

Des musulmans opposés à la circoncision

Le documentaire donne la parole à des musulmans opposés à la circoncision.

Seyran Ateş, imame et avocate, explique : « De plus en plus de gens se rendent compte que ce n’est pas une obligation religieuse. L’islam n’impose pas la circoncision ou l’excision. Ce ne sont pas des pratiques religieuses et elles ne sont pas mentionnées dans le Coran. La circoncision est plutôt une tradition dont on a fini par faire une obligation. »

Funda Celik, qui a grandi dans une famille musulmane turque tout comme son mari, a convaincu ce dernier de ne pas faire circoncire leurs fils et s’est engagée publiquement pour cette cause. « Je pense que de nombreux parents s’abstiendraient s’ils étaient mieux informés. Je suis convaincu que tous les parents, quelle que soit leur culture, aiment leurs enfants et qu’ils veulent leur bien », déclare-t-elle.

Tayfun, circoncis enfant dans la tradition musulmane, témoigne : « [Enfant,] j’ai demandé “qu’est-ce qu’il se passe ?” On m’a expliqué qu’on coupait un petit morceau du pénis. J’ai dit tout de suite : “moi, je ne veux pas faire ça !” On m’a répondu : “si, on va le faire pour toi aussi !”, comme si ça ne se discutait pas. J’ai commencé à avoir peur, et puis un jour c’est arrivé. On m’a emmené à l’hôpital sous un autre prétexte. On ne ferait pas ça pour une opération normale, n’est-ce pas ? Rien n’avait été laissé au hasard. Ça a été très brutal. Ça a détruit la relation que j’avais avec ma mère. Je l’ai détestée pour ça. Quelque chose s’est cassé entre nous, parce qu’elle n’avait pas écouté mon ressenti. Elle avait donné la priorité à une tradition qui selon elle était incontournable. »

> Pour aller plus loin, lire notre article La circoncision chez les musulmans

Brit Shalom : l’alternative à la circoncision juive

L’organisation Brit Shalom l’Alliance sans Souffrance, qui promeut un rituel alternatif à la circoncision juive, apparaît dans le documentaire en la personne d’Eric. Celui-ci se rend chez Victor et Sarah, les parents qui ont célébré la première brit shalom en Europe francophone, dont on voit même un extrait. 

Victor explique comment il en est venu à refuser la circoncision pour son fils : « Je me suis très vite rendu compte de l’importance du prépuce comme zone érogène la plus sensible du corps de l’homme. Quand j’ai compris ça, que je ne pourrais jamais connaître ça ou vivre ça, comme je savais que j’allais avoir un fils je me suis dit que si je pouvais [lui] éviter ça, je le ferai. » Quant à Sarah, elle déclare : « C’est la première fois que je suis amenée à protéger quelqu’un. J’ai eu cet instinct de protection vis-à-vis de mon fils. Pour moi, l’imaginer devant toute la famille, applaudir un moment où il va souffrir, c’était pas possible. »

Eric, Sarah et Victor s’entretiennent ensuite avec Nardy Grün, rabbin pratiquant la brit shalom, qui explique : « La circoncision est un tabou dans la société juive en Israël. Ça ne fait qu’une vingtaine d’années que les gens se posent des questions. La plupart des juifs d’Israël sont circoncis, mais ils sont peut-être 2 % à savoir que ce n’est pas indispensable pour être juifs et que c’est quelque chose qui fait du mal aux enfants. Dans l’alliance que nous célébrons [brit shalom], l’accueil du bébé ne passe pas par des symboles physiques. On n’a pas besoin d’être marqué dans sa chair pour être juif, c’est une question de conscience. »

> Pour aller plus loin, lire nos articles : 

Omerta : le début de la fin ?

En fin de documentaire, Victor Schiering, président de l’association MOGiS, pose la question suivante : « Dans notre société, où la liberté, l’autodétermination et l’épanouissement personnel sont super en vogue et font la une des magazines, comment est-ce qu’on peut accepter une telle omerta sur le sujet ? » 

Avec ce documentaire historique, Arte a contribué à briser cette omerta. Il n’appartient qu’aux autres médias et à tous les autres acteurs de la société de faire de même, dans l’intérêt premier des enfants.

> Lire notre argumentaire : Circoncision : pourquoi agir ?

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À notre connaissance, L’Humanité est le seul média français d’envergure à avoir mis le documentaire en avant, avec cet article : La circoncision, une pratique ancestrale qui peut faire des dégâts.

À noter que Droit au Corps a contribué au documentaire et aurait dû y apparaître, mais la scène n’a pas été retenue car la journaliste a dû faire des choix pour respecter la durée impartie. Dans cette scène, on voyait un membre de l’association accompagner un parent dont l’enfant avait subi de mauvaises pratiques de la part du pédiatre.