Circoncision : une association a déposé plainte contre le Centre hospitalier de Bienne (Suisse)

L’association Pro Kinderrechte Schweiz (Pour les droits de l’enfant, Suisse) a déposé plainte contre le Centre hospitalier de Bienne suite à la circoncision d’un garçon, rapporte le média 20 Minuten dans un article publié le 5 juin 2025.

« Mon corps m’appartient ! La mutilation génitale est nuisible ; pour les garçons aussi », peut-on lire sur la bannière du site de l’association Pro Kinderrechte Schweiz.

Le président de l’association, Christoph Geissbühler, justifie la plainte par le fait que l’ablation de parties saines du corps — indépendamment de l’âge ou du sexe — est interdite par le Code pénal. « Couper le prépuce d’un pénis sans nécessité médicale impérative constitue un crime grave », explique l’association.

Dans la plainte déposée le 21 février 2025, Pro Kinderrechte Schweiz accuse le médecin qui a pratiqué l’opération de lésions corporelles graves, la direction de l’hôpital de complicité, et les parents de l’enfant d’en avoir été les instigateurs.

Mais le Ministère public n’a pas donné suite à la plainte. Dans une décision datée du 22 mai, il estime que même si une circoncision correctement effectuée constitue en principe une atteinte à l’intégrité corporelle, elle n’est pas punissable si les parents y consentent. Christoph Geissbühler juge cette argumentation « aussi dénuée de fondement éthique que juridique ». L’association a donc fait appel auprès de la Cour supérieure du canton de Berne.

Contacté par 20 Minuten, le Centre hospitalier de Bienne admet pratiquer un faible pourcentage de circoncisions sans justification médicale sur des garçons, à la demande des parents et pour des motifs culturels ou religieux. « Dans de tels cas, l’intervention n’est réalisée qu’après un entretien approfondi avec les parents et exclusivement sous anesthésie générale, afin de la rendre la moins douloureuse possible pour l’enfant », précise l’établissement.

« La liberté religieuse ne justifie pas qu’on coupe une partie saine du corps d’un enfant », répond Christoph Geissbühler à l’argument selon lequel l’interdiction de la circoncision affecterait les communautés juives et musulmanes, pour qui cette pratique a une dimension religieuse.

L’avocate Carol Wiedmer, qui accompagne Pro Kinderrechte Schweiz, affirme que la circoncision des garçons constitue une grave atteinte à l’intégrité corporelle, qui doit être examinée juridiquement.

Ce n’est pas la première fois que Pro Kinderrechte Schweiz dépose une plainte suite à la circoncision d’un garçon. En 2021, l’association avait fait de même contre un chirurgien pédiatrique de Coire, dans le canton des Grisons. L’initiative s’était soldée par un échec, le Ministère public ayant estimé qu’il ne s’agissait que de « lésions corporelles simples » pour lesquelles aucune poursuite pénale n’était prévue d’office.

En fin d’article, 20 Minuten propose un sondage avec cette question : « Les parents devraient-ils avoir le droit de décider de la circoncision de leur fils, même s’il n’y a pas de raison médicale ? » Voici les résultats, basés sur plus de 4200 réponses :

  • 73 % estiment que la circoncision sans raison médicale devrait être interdite par la loi ;
  • 17 % pensent que les parents devraient pouvoir en décider ;
  • 4 % l’autoriseraient uniquement pour des raisons religieuses ;
  • 6 % n’ont pas d’avis.