Droit au Corps : bilan 2020 et perspectives 2021

En 2020, Droit au Corps a réussi à concrétiser le dernier axe de sa vision, le plus ambitieux, avec « la création d’une alliance mondiale pour l’abandon des mutilations sexuelles ». Cela signifie que les bases de la stratégie établie en 2015 sont enfin totalement déployées. À partir de 2021, l’association va pouvoir monter les murs de cette stratégie, à partir de ces fondations. Elle pourra en particulier démultiplier ses actions dans la seule francophonie via la coalition internationale, en rentabilisant bien davantage ses investissements.

Soulignons que cet aboutissement aura nécessité d’intenses efforts de la part de personnes entièrement bénévoles, notre collectif ayant des ressources financières trop limitées pour envisager de créer l’emploi dont nous aurions besoin, même à temps partiel. Une fois encore, un grand merci à toutes les bonnes volontés qui ont contribué, selon leurs moyens, aux succès de cette année !

Nos bilans annuels jalonnent l’histoire de notre collectif qui a émergé en 2011.

Sommaire

1. Création d’une coalition internationale pour l’abandon des mutilations sexuelles

a. Une création planifiée de longue date et réalisée par Droit au Corps
b. Global Platform for Action to End FGM/C
c. Traduction en langue arabe de notre principal dépliant
d. Perspectives 2021

2. Santé sexuelle : relayer les bonnes pratiques et accompagner les individus circoncis en souffrance

a. Un Observatoire de la santé du pénis pour changer la donne
b. Covid-19 et circoncision : lettre ouverte aux ministres de la santé
c. Publications
d. Perspectives 2021

3. Ouvrir un débat public sur les conditions du consentement à la circoncision

a. Appel au débat
b. Lettre ouverte à la Défenseure des droits
c. Perspectives 2021

4. Comment soutenir le Droit au Corps ?

Création d’une coalition internationale pour l’abandon des mutilations sexuelles

Une création planifiée de longue date et réalisée par Droit au Corps

Cette année aura vu le lancement, historique, d’une coalition internationale pour l’abandon des mutilations sexuelles : The Bodyguards (Les Gardes du Corps, un intitulé inspiré de « Droit au Corps »). Ses statuts ont été calqués sur les nôtres, ce qui montre à quel point notre association a réussi à imprimer sa marque internationalement, après 5 ans d’existence seulement. 

Une trentaine d’organisations et d’experts du monde entier travaillent ensemble pour l’abandon des mutilations sexuelles. L’aventure ne fait que débuter, mais nous constatons que des synergies entre organisations membres se sont déjà mises en place. Une collaboration rapprochée s’est établie entre Droit au Corps et Foreskin Revolution (Australie), 15 Square (Royaume-Uni), MOGiS et intaktiv (Allemagne). Une évocation positive de la coalition figure même dans le bilan annuel de 15 Square, qui a promu Droit au Corps dans ses “5 charities to highlight today as part of UKCharityWeek celebrations”.

Alors qu’un site internet est en préparation (màj avril 2021 : il est en ligne), une chaîne YouTube est disponible : n’hésitez pas à vous y abonner ! Vous y trouverez la vidéo de présentation de la stratégie mondiale de Droit au Corps et sa transcription en français. Notre présentation a été faite pour le 1er symposium international de la coalition, dans le cadre du WWDOGA (Worldwide Day of Genital Autonomy soit Journée mondiale pour l’autonomie génitale, dont nous parlions ici). Pour afficher des sous-titres français à partir d’une vidéo YouTube en langue anglaise, suivez ce mode d’emploi.

Faire vivre une coalition internationale n’est pas un long fleuve tranquille et des tensions très intenses sont vite apparues, notamment avec nos collègues américains, au point d’entraîner la radiation d’une première organisation. Ces « intactivistes » ne voient pas le problème à collaborer avec des organisations qui alourdissent les souffrances du monde. Lorsqu’il a été proposé de collaborer avec des organisations aussi antiféministes que le parti politique J4MB ou le réseau international A Voice for Men, Droit au Corps s’y est fermement opposé, à la fois pour des raisons éthiques et des raisons stratégiques. Cette crise majeure, dès le départ, a eu le gros avantage de nous permettre d’assainir les bases de la coalition et de faire émerger un noyau dur d’organisations, en dehors des États-Unis, très déterminées à barrer la route aux discours de haine et à la tentation fasciste.

Global Platform for Action to End FGM/C

Droit au Corps a intégré la Global Platform for Action to End FGM/C dédiée à la lutte contre les mutilations sexuelles féminines. C’est une première que notre collectif soit « accepté » au point de figurer parmi les membres officiels d’une telle organisation. Il s’agit d’un nouveau succès pour notre stratégie de rassemblement des acteurs qui cherchent à promouvoir l’abandon de toute forme de mutilation sexuelle : féminine, masculine, transgenre et intersexe !

Traduction en langue arabe de notre principal dépliant

La traduction de notre dépliant Circoncision : pourquoi agir ? a été réalisée bénévolement par nos collègues de la coalition arabe. Ils utilisent ce dépliant pour leurs propres besoins de communication. Nous l’ajouterons à nos autres supports de communication.

Perspectives 2021

Consolider et développer la coalition pour en faire un outil opérationnel permettant de mener des actions internationales que des organisations locales comme Droit au Corps ne peuvent engager à leur niveau. Typiquement, si l’on veut corriger les erreurs de la Classification Internationale des Maladies gérée par l’OMS, il faut mettre en place un réseau de professionnels de santé sympathisant de notre cause pour exercer une pression à l’échelle de cette institution.

Santé sexuelle : relayer les bonnes pratiques et accompagner les individus circoncis en souffrance

Un Observatoire de la santé du pénis pour changer la donne

En 2020, cet Observatoire est entré en fonction. Pour rappel, Droit au Corps avait publié fin 2019 un dossier majeur démontrant l’existence d’une véritable faille de santé publique sur le pénis, à savoir que d’innombrables garçons sains subissent toutes sortes d’interventions inutiles et gravement dommageables allant du décalottage forcé jusqu’à l’ablation radicale du prépuce.

L’objectif de l’Observatoire est de mettre un coup d’arrêt rapide à la situation catastrophique que l’on connaît encore au XXIe siècle. Lorsqu’un cas problématique est repéré (contrevérité, désinformation, mauvaise pratique, fraude), il est signalé sur l’Observatoire et aux organismes appropriés tel que l’Ordre des médecins, tandis que le responsable du problème est invité à le corriger.

Premier impact concret de l’Observatoire : Le Journal des Femmes a mis à jour l’article que nous avions signalé en supprimant certains passages et en faisant directement référence à notre dossier sur la santé du pénis ! Cette première victoire est très encourageante pour la suite de notre action.

Cet Observatoire s’inscrit dans la stratégie à long terme de Droit au Corps, dont la priorité est de faire tomber le « domino » médical qui soutient les autres segments de la circoncision. Notre document de stratégie mondiale l’explique plus en détail à la rubrique jeu de domino.

Aidez-nous à protéger les enfants en signalant tout problème à observatoire.penis@gmail.com.

Covid-19 et circoncision : lettre ouverte aux ministres de la santé

L’expédition de la lettre ouverte de Droit au Corps, aux ministres de la santé et parlementaires dans la francophonie (France, Belgique, Québec), s’est échelonnée courant mai. Cette lettre a été reprise et adaptée localement par nos collègues de la coalition internationale, pour leurs propres pays. C’est un premier exemple de « partage des bonnes pratiques » à grande échelle que va permettre cette coalition.

Publications

À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, l’association Didi – Prévention des violences sexuelles a lancé une campagne de prévention intitulée « J’ai osé » et a réalisé de nombreux entretiens autour de différentes thématiques. Voici les entretiens avec Droit au Corps et Phimosis ABC.

Nouveaux témoignages qui montrent que la circoncision peut engendrer des souffrances pour la personne qui l’a subie, lourdes et pour la vie entière, comme pour des proches :

  • Témoignage de Vincent, circoncis à l’adolescence : « Je veux dénoncer les blessures physiques et psychologiques infligées par la circoncision »
  • Témoignage de Ninna, bouleversée après avoir assisté à une circoncision rituelle

Nous avons relayé la vidéo du Dr Lacroix : « Laissons les jeunes prépuces tranquilles ! »… mais en ajoutant nos correctifs !

Perspectives 2021

  • lancer une initiative publique, de type lettre ouverte, à l’attention des institutions de santé dans la francophonie, porteuse de cette liste de revendications ; cette campagne sera déployée internationalement grâce à la coalition internationale ;
  • constituer un réseau de professionnels de santé capable de répondre aux attentes du public confronté à la faille de santé publique, qui nous contacte régulièrement ;
  • mettre en place un Comité Scientifique « santé » garant de la qualité des initiatives de Droit au Corps ;
  • prendre pied dans l’éducation à la sexualité, éventuellement par la création d’un site Internet comblant les lacunes de l’existant en matière de santé sexuelle masculine, notamment en direction des jeunes. La sexualité étant un sujet beaucoup plus attractif et positif que la circoncision, il s’agirait d’un canal de communication plus efficace que notre approche actuellement restreinte à la « circoncision » ;
  • constituer un réseau d’experts en Droit afin de prendre en charge les demandes en service juridique de la population francophone ;
  • mobiliser davantage le réseau des participants de notre collectif pour des actions de proximité, telles que tenir un stand ou distribuer des dépliants.

Ouvrir un débat public sur les conditions du consentement à la circoncision

Appel au débat

Nouvelles signatures publiques en 2020 :

Nouveaux pays comptant des signataires en 2020 : Syrie, Soudan, Éthiopie, Rwanda, Burkina Faso, Philippines, Chine, Colombie

carte signatures appel au debat circoncision janvier 2021

Nombre de signatures : le flux est quasiment tari à près de 2000 signatures. Il y a un contraste entre le nombre de signatures publiques prestigieuses, et le faible résultat atteint en termes de signatures privées. Par contre, l’étalement des signataires sur près de 70 pays est très encourageant quant à l’impact international de cette campagne.

À noter que sur les 800 parlementaires français contactés en décembre, seule 1 « représentante du peuple » a signé publiquement et 1 autre à titre privé, ce qui en dit long sur le degré de « glaciation » des élus sur ce sujet complètement occulté.

Belgique

Après l’Avis du comité d’éthique de Belgique de 2017, préconisant le déremboursement de la circoncision rituelle par l’assurance de santé publique, les élus de plusieurs partis se sont emparés du sujet : 

Droit au Corps a saisi cette opportunité pour diffuser l’Appel au Débat aux 200 parlementaires belges (150 députés + 50 sénateurs : ceux dont l’adresse courriel a été trouvée, environ 75 %), avec ce complément au courriel-type utilisé depuis le début de la campagne :

« Sur la question du déremboursement de la circoncision non médicale par l’assurance de santé publique, vous trouverez un puissant argumentaire dans ce chapitre de notre dossier sur la santé du pénis (section « Remboursement de la circoncision rituelle par la sécurité sociale »). Et voici notre lettre ouverte à l’attention du Comité consultatif de Bioéthique de Belgique, en réaction à son Avis de 2017 sur la circoncision, qui recommandait ce déremboursement. À noter que notre Vision est la voie de la compassion (traduction en néerlandais). »

Droit au Corps espère que cette initiative permettra au moins de contrer le projet du député Michael Freilich, qui compte profiter de l’opportunité d’une loi de déremboursement pour y inscrire des garanties supplémentaires pour la pratique de la circoncision rituelle. Avec un peu de chance, la lecture de notre courriel aboutira au contraire à ce que le Parlement ouvre un véritable « débat public » sur les conditions du consentement, en plus de dérembourser.

Lettre ouverte à la Défenseure des droits

Voici la lettre ouverte adressée à Claire Hédon, Défenseure des droits en France, et en copie à Adrien Taquet, secrétaire d’État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargé de l’Enfance et des Familles. Son objet est « L’angle mort de la défense des droits des enfants ».

Perspectives 2021

Transformer l’Appel au Débat initié en 2019 par notre association, en l’étendant du seul gouvernement français à tous les gouvernements du monde ainsi qu’à l’ONU, via la coalition internationale créée en 2020.

Comment soutenir le Droit au Corps ?

> Participer, l’inscription est gratuite et sans engagement (au 31 décembre 2020, Droit au Corps compte 213 participants dont 66 adhérents)

> Faire un don : toute contribution aussi modeste soit-elle est la bienvenue

> Diffuser nos supports de communication

> Suivre l’association sur Facebook, Twitter, YouTube et partager nos contenus